Vendredi (30/08/13)
Radioscopie d'une commune du Tonnerrois : Junay
Un article d'il y a près de 30 ans
Nous avons retrouvé un article de F. LEMESLE d'il y a 30 ans évoquant la démographie de notre commune. Notre village a t'il beaucoup changé?
"C'est par la petite commune de Junay, distante de trois kilomètres de Tonnerre que nous commencerons aujourd’hui notre radioscopie, et par la même la découverte de ces villages n’ayant pas toujours l’honneur ou parfois dans certaines circonstances le triste privilège d’être à la une de l’actualité.
"C'est par la petite commune de Junay, distante de trois kilomètres de Tonnerre que nous commencerons aujourd’hui notre radioscopie, et par la même la découverte de ces villages n’ayant pas toujours l’honneur ou parfois dans certaines circonstances le triste privilège d’être à la une de l’actualité.
Appelée à ses origines Juniacum, nom à consonance romaine… la voie romaine ne passait pas si loin, cette commune fut jadis réputée pour son vignoble et plus particulièrement son cru local « le Vau-Morillon » que les habitants dégustaient au café de village.
Signe des temps après la disparition de la quasi-totalité du vignoble au début du siècle, remporté par cette terrible maladie qu’est le phylloxéra (à l’origine de la destruction des vignes dans la région), la buvette, peut-être faute de consommateurs et surtout de villageois, a disparu à son tour un beau jour. Elle devait être suivie dans sa chute par les rares commerçants que comptait encore, il y a une trentaine d’années cette commune, faubourg de Tonnerre.
Ne subsiste plus désormais qu’un débitant de tabacs et un photographe. Comment d’ailleurs pourrait-il en être autrement alors qu’au dernier recensement Junay comptait 124 habitants. Une démographie qui depuis plusieurs décennies s’est stabilisée après un certain recul de la population (il y avait 202 habitants en 1894).
Toujours à propos de la population, il est intéressant de préciser l’existence de 71 foyers et de mentionner que l’âge moyen de la population locale se situe aux alentours de cinquante ans. Pour la petite histoire nous indiquerons que 23 personnes dépassent les 70 ans et que le doyen du village, M. Adrien Niel, va sur ses 88 ans…
LA « CEINTURE ROUGE » DE TONNERRE
La commune de Junay n’ayant aucune entreprise sur ses terres (au total 362 hectares) pour 12 kilomètres de chemin, les habitants, ce qui ne surprendra personne, sont contraints pour la plupart d’aller travailler au chef-lieu de canton, en très large majorité, et à Saint-Florentin, principales citées de main-d’œuvre dans la région.
Il est par contre un chiffre qui peut paraître surprenant, à savoir celui des agriculteurs, au nombre de deux seulement, alors qu’il existe encore quatre vignerons. Encore faut-il préciser que ces derniers ne travaillent la vigne que pour leur propre consommation personnelle.
Autre précision intéressante, le nombre de résidences secondaires existant dans le pays, près d’une vingtaine, dont la plupart sont peut-être destinées à devenir principales dans un avenir plus ou moins éloigné, et ce, pour la bonne raison qu’elles appartiennent à un bon nombre d’enfants du pays, lesquels viendront pour certains couler une paisible retraite dans un petit coin de terre où il y fait bon vivre.
Une terre, aussi fidèlement ancrée politiquement à gauche, depuis des lustres, et plus particulièrement encore communiste. Les candidats de ce parti, à toutes les élections locales, régionales et nationales, ont fait des chiffres qui peuvent paraître surprenants à plus d’un si l’on se fie à la sociologie des habitants de cette commune.
« Ici, avons-nous pu entendre, on vote communiste de génération en génération. » C’est pourquoi, peut être les relations avec l’église n’ont pas toujours été excellentes… Une église fermée depuis de nombreuses années et qui pour certaines circonstances rouvre ses portes. Aussi, il y a quelques mois, l’harmonie municipale de Tonnerre avait-elle pu donner un concert… Ainsi pour cette « cause musicale » certains s’étaient vu franchir le seuil de cette église pour la première fois depuis des décennies.
REPRESENTATION FEMININE IMPORTANTE
Dernier sujet évoqué : la politique municipale que dirige depuis le mois de mars dernier M. Kahn. De nouveau maire de Junay qui est assisté de dix conseillers, dont cinq femmes (ces dames ont presque la majorité !) a comme ses collègues pour principal souci la voirie communale et l’assainissement. Charges qui grèvent considérablement des budgets de commune de l’importance de Junay (le budget annuel s’élève à environ 200 000 F). Il va sans dire qu’avec de tels moyens financiers, les projets ne peuvent être que limités. Ce qui n’est pas pour décourager les élus de cette bourgade dont le moindre des mérites n’est-il pas de tout tenter – avec succès à Junay – pour éviter un exode supplémentaire qui signifierait la mort définitive du village."
Ecrit par Junay à 23:33 dans Histoire(s) du village
Dimanche (09/08/09)
La photo du Dimanche
L'ancienne sacristie disparue il y a 100 ans
L'actualité de cette semaine nous fait part d'un conflit opposant un village de 700 habitants de l'Ariège et son évéché. En effet cette commune possède trois églises... sans prêtre, alors le maire souhaite récupérer une chapelle où aucun office a été célébré depuis 1972 afin d'en faire un lieu d'exposition mais le vicaire a confirmé que l’évêché ne souhaitait pas convertir la chapelle en lieu de culture…
Notre village a connu au siècle dernier des affrontements entre les élus et les défenseurs de l'Eglise, Junay était réputé pour être une commune très laïque et républicaine.
Après les querelles pour la construction du cimetière et entre autre sa croix maçonnique sur son portail, ou le conflit avec la croix de St Didier, une nouvelle escarmouche a lieu contre l’Eglise en 1907, sous prétexte de réfection des trottoirs, le maire Michecoppin préconise la destruction de la sacristie, dont le pignon menace ruine et qui impose un rétrécissement de la route où, en cet endroit, deux voitures ne peuvent pas passer de front. M. Thierry, adjoint, s’oppose au projet dont il trouve la dépense trop élevée et puis il craint que la solidité des cloches n’en soit compromise.
Finalement, le maire l’emporte et, en 1909, fut détruit ce petit édifice, qui avant de servir comme sacristie, avait été la chapelle des seigneurs de Junay. En 1910, le maire devant le mauvais état de la toiture de l’église, estime que c’est au curé et aux fidèles de payer les réparations…
Ecrit par Junay à 12:12 dans Histoire(s) du village
Dimanche (21/12/08)
La photo du Dimanche
Le grand hiver, il y a 300 ans (et non 200...)
Photo du siècle dernier un jour d'hiver.
L'hiver commence aujourd'hui, Isabelle Maillard dans son livre "Junay, un village qui n'avait pas encore d'histoire" retrace le grand hiver il y a 300 ans par les écrits de Campenon, curé de Junay et de Vézinnes :
"Campenon, le curé de Junay et de Vézinnes, laissa un émouvant témoignage de ce que fut l'hiver 1708-1709.
L'hiver commença en novembre 1708 par des vents très violents, entre autre celui du sud qui souffla jusqu'au 6 janvier 1709; lui succéda la "basse bise" que l'on appelait le "vent de Lignères" et qui a fait tout le mal. Novembre et décembre furent si pluvieux que le prêtre ne croit pas qu'il y ait eu deux jours sans pleuvoir. Le 23 décembre, la pluie cessa un peu et donna quelque espérance de veau temps par une petite gelée blanche semblable à celle que l'on voyait au mois de mai. Elle dura six jours avec de la pluie par intervalle.
Le 28 décembre, la pluie et le vent recommencèrent de plus belle et sans relâche jusqu'au 6 janvier ; ce jour là, sur les dix heures du matin, la pluie et le vent du sud cessèrent et le froid accompagné de la basse bise fut si violent qu'en un quart d'heure les chemins et la boue furent gelés aussi fort que s'il avait gelé deux mois durant. Le curé alla dire sa messe à Junay, par la pluie et la boue et il revint transi de froid.
Le lendemain, 7 janvier, il tomba une très grande quantité de neige qui arriva trop tard : on prétend que tout était déjà perdu, les blés et les vignes. Le ruisseau de Vézinnes qui ne gèle jamais le fut du premier jour de la gelée et la rivière au contraire ne le fut point du tout, même dans le plus fort de l'hiver. Les neiges tombées, le froid fut plus violent qu'il n'avait été et dura jusqu'au 20 février. Pendant ce mois, il tomba une aussi grande quantité de neige que l'on n'ait jamais vue dans le pays. Le froid fut si violent que le gibier comme les lièvres, les perdrix grises et rouges et les autres bêtes se prenaient la main ; beaucoup moururent et on croit que la race des perdrix rouges est perdue. Les noyers furent gelés sans espérance d'en jamais revoir et une grande quantité de poiriers, de pommiers et autres arbres, sauf les cerisiers et quelques pruniers "de bois gras". On aurait dit que l'on tirait des coups de pistolets ; les noyers furent fendus sur une épaisseur de quatre doigts.
Les hommes ne sortaient pas des maisons sans appréhension, les vieillards ne se réchauffaient pas dans leurs lits. Les canards tombaient ; nous eûmes même des cormorans ; les vanneaux et les pluviers bordaient les grands chemins et se laissaient tirer au pistolet.
Le 19 février, le grand dégel arriva et nous crûmes être quittes avec l'hiver mais le 22 le froid fut plus violent qu'il n'avait été auparavant comme si le ciel et la terre avaient conspiré la perte de l'homme. Au mois de décembre 1708, quantité de bœufs et de vaches moururent. Au mois de mars, ce furent les brebis et les moutons. Le 19 mars, fin de la gelée, le bichet de blé valait 4 livres 10 sols. On commença à semer les orges de la fin mars au 20/25 mai 1709. Les blés de deux ans ont été semés faute de nouveau et nous promettent une belle moisson. Le pain avait été si rare que moi curé je suis resté 24 heures sans manger le 24 juin. Les pauvres gens ne vivent que d'herbes que l'on appelle "gravosle". Jusqu'au 4 juillet, nous avons toujours eu de la pluie ; le beau temps a succédé et a promis de belles moissons car il y a tant d'orge que le bichet qui a valu 10 francs ne vaut plus que 4 francs 3 livres 10 sols et le blé 11 à 12 francs."
"Campenon, le curé de Junay et de Vézinnes, laissa un émouvant témoignage de ce que fut l'hiver 1708-1709.
L'hiver commença en novembre 1708 par des vents très violents, entre autre celui du sud qui souffla jusqu'au 6 janvier 1709; lui succéda la "basse bise" que l'on appelait le "vent de Lignères" et qui a fait tout le mal. Novembre et décembre furent si pluvieux que le prêtre ne croit pas qu'il y ait eu deux jours sans pleuvoir. Le 23 décembre, la pluie cessa un peu et donna quelque espérance de veau temps par une petite gelée blanche semblable à celle que l'on voyait au mois de mai. Elle dura six jours avec de la pluie par intervalle.
Le 28 décembre, la pluie et le vent recommencèrent de plus belle et sans relâche jusqu'au 6 janvier ; ce jour là, sur les dix heures du matin, la pluie et le vent du sud cessèrent et le froid accompagné de la basse bise fut si violent qu'en un quart d'heure les chemins et la boue furent gelés aussi fort que s'il avait gelé deux mois durant. Le curé alla dire sa messe à Junay, par la pluie et la boue et il revint transi de froid.
Le lendemain, 7 janvier, il tomba une très grande quantité de neige qui arriva trop tard : on prétend que tout était déjà perdu, les blés et les vignes. Le ruisseau de Vézinnes qui ne gèle jamais le fut du premier jour de la gelée et la rivière au contraire ne le fut point du tout, même dans le plus fort de l'hiver. Les neiges tombées, le froid fut plus violent qu'il n'avait été et dura jusqu'au 20 février. Pendant ce mois, il tomba une aussi grande quantité de neige que l'on n'ait jamais vue dans le pays. Le froid fut si violent que le gibier comme les lièvres, les perdrix grises et rouges et les autres bêtes se prenaient la main ; beaucoup moururent et on croit que la race des perdrix rouges est perdue. Les noyers furent gelés sans espérance d'en jamais revoir et une grande quantité de poiriers, de pommiers et autres arbres, sauf les cerisiers et quelques pruniers "de bois gras". On aurait dit que l'on tirait des coups de pistolets ; les noyers furent fendus sur une épaisseur de quatre doigts.
Les hommes ne sortaient pas des maisons sans appréhension, les vieillards ne se réchauffaient pas dans leurs lits. Les canards tombaient ; nous eûmes même des cormorans ; les vanneaux et les pluviers bordaient les grands chemins et se laissaient tirer au pistolet.
Le 19 février, le grand dégel arriva et nous crûmes être quittes avec l'hiver mais le 22 le froid fut plus violent qu'il n'avait été auparavant comme si le ciel et la terre avaient conspiré la perte de l'homme. Au mois de décembre 1708, quantité de bœufs et de vaches moururent. Au mois de mars, ce furent les brebis et les moutons. Le 19 mars, fin de la gelée, le bichet de blé valait 4 livres 10 sols. On commença à semer les orges de la fin mars au 20/25 mai 1709. Les blés de deux ans ont été semés faute de nouveau et nous promettent une belle moisson. Le pain avait été si rare que moi curé je suis resté 24 heures sans manger le 24 juin. Les pauvres gens ne vivent que d'herbes que l'on appelle "gravosle". Jusqu'au 4 juillet, nous avons toujours eu de la pluie ; le beau temps a succédé et a promis de belles moissons car il y a tant d'orge que le bichet qui a valu 10 francs ne vaut plus que 4 francs 3 livres 10 sols et le blé 11 à 12 francs."
Ecrit par Junay à 13:34 dans Histoire(s) du village
Samedi (05/07/08)
Des soldats américains à Junay
Nous fêterons cette année le 90ème anniversaire de l'armistice de la guerre 1914-1918. Junay a pu accueillir pendant cette guerre des soldats américains. En effet, en 2004, le fils d'un de ces "boys", Louis G. Linn du Kansas, a contacté la mairie pour avoir des renseignements sur notre village.
Herbert Peterson Linn est né le 9 septembre 1898 dans l'Indiana, dans la petite ville de Linnsburg, Comté de Montgomery. Son camp militaire était basé à Tonnerre, il habitera Junay de novembre 1918 à mai 1919. Ses correspondances avec sa famille décrivaient le village et la maison où il habitait (construite de pierre et propriété d'une ancienne veuve) et la famille de l'autre côté de la rue. Ce soldat a beaucoup apprécié son séjour (sauf le mauvais temps) et a appris le français.
Dans le courrier à sa grand mère en janvier 1919, il racontait les funérailles du Directeur de Police à Paris où les habitants de Junay quittaient leurs vieux sabots pour porter des hauts chapeaux en soie, des smokings, et des souliers en cuir bien cirés à sa grande surprise.
Dans une lettre à ses parents à la veille de Noël, il évoquait un château moderne avec un lac artificiel avec une grande clôture et une porte unique. Un vieux concierge habitait une petite maison sur place et il croyait qu'on devait lui donner le fouet (traduction peu probable) pour pouvoir entrer. Il y avait des cygnes sur le lac. C'était quelque chose de très beau. Il reçut pour le réveillon l'invitation d'une famille de Tonnerre et une autre de Junay ne sachant pas s'il pouvait y aller.
Herbert Peterson Linn est né le 9 septembre 1898 dans l'Indiana, dans la petite ville de Linnsburg, Comté de Montgomery. Son camp militaire était basé à Tonnerre, il habitera Junay de novembre 1918 à mai 1919. Ses correspondances avec sa famille décrivaient le village et la maison où il habitait (construite de pierre et propriété d'une ancienne veuve) et la famille de l'autre côté de la rue. Ce soldat a beaucoup apprécié son séjour (sauf le mauvais temps) et a appris le français.
Dans le courrier à sa grand mère en janvier 1919, il racontait les funérailles du Directeur de Police à Paris où les habitants de Junay quittaient leurs vieux sabots pour porter des hauts chapeaux en soie, des smokings, et des souliers en cuir bien cirés à sa grande surprise.
Dans une lettre à ses parents à la veille de Noël, il évoquait un château moderne avec un lac artificiel avec une grande clôture et une porte unique. Un vieux concierge habitait une petite maison sur place et il croyait qu'on devait lui donner le fouet (traduction peu probable) pour pouvoir entrer. Il y avait des cygnes sur le lac. C'était quelque chose de très beau. Il reçut pour le réveillon l'invitation d'une famille de Tonnerre et une autre de Junay ne sachant pas s'il pouvait y aller.
Ecrit par Junay à 22:39 dans Histoire(s) du village
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